COMMENT FONCTIONNAIENT LES ÉCOLES ?
Dans les écoles « cathédrales ou abbatiales », précurseurs des collèges, en principe, chaque élève payait une petite somme, plus importante pour les pensionnaires qui logeaient au logis du maître (qui servait aussi d'école). Mais les gains devaient être maigres. L'argent était rare et la plupart des gens pauvres.
Le Nivernais connaissait souvent la misère. Par exemple l'évêque de Nevers, Guillaume de Saint - Lazare, (un précurseur de Coluche), ouvrit vers 1230 un "restau du cœur " où il nourrissait chaque jour plus de deux mille pauvres. Par la suite, ceux-ci devinrent si nombreux et gênants qu'on créa la fonction de chasse pauvres, ce qui donna du moins du travail à quelques chômeurs.
Quant aux livres, ils étaient quasiment inexistants. À l'époque où les sultans musulmans établissaient d'immenses bibliothèques publiques (comme celle de Cordoue qui possédait plus de trois cent mille volumes), en chrétienté, il n'y avait que les bibliothèques des monastères, bien pauvres et fermées au public.
Saint Louis au retour d'une croisade fit copier quelques ouvrages religieux qu'il enferma dans le trésor de la Sainte - Chapelle. Ce fut le début de notre Bibliothèque Nationale. Au XIIe et XIIIe siècle on écrivit quelques traités à l'usage des écoles. Mais qui en possédait des copies (manuscrites)?. Sûrement pas les pauvres maîtres d'école de Nevers. Que pouvaient-ils donc enseigner ?. Il faudra attendre le XVIe siècle pour que, grâce à l'invention de l'imprimerie, les ouvrages se multiplient et deviennent d'un prix abordable.
Jusque là, c'était des biens précieux et rares. Les livres en ce temps-là étaient encore en petit nombre, presque tous manuscrits et d'un gros volume. On ne pouvait les mettre aux mains des écoliers ; ils étaient assujettis sur des pupitres dans une salle à part, où on allait les consulter. Lorsque les classes vaquaient, ils étaient fermés sans quitter les pupitres, et une chaîne passée par dessus avec un cadenas au bout de chaque rangée empêchait de les ouvrir.[1] . Cette pratique était encore en usage au moins jusqu'au XIVe siècle, comme on le verra à propos du collège de Hubant.
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[1] J.Quicherat. Histoire de Sainte-Barbe, Communauté, Institution. éd.Hachette, Paris 1860, tome 1, p.39.