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LE RENOUVEAU DU XIIIe SIÈCLE.

 

Il fallut attendre le XIIIe siècle pour qu'un nouvel élan fût donné aux études. On découvrit alors les œuvres "quasi-complètes" (physique, biologie, astronomie, éthique, politique, dialectique et poétique) d'Aristote dont on ne connaissait, jusque-là, que la logique. Cette découverte se fit encore grâce à l'apport de la culture arabe et de la culture hébraïque (la civilisation judéo-arabe d'Andalousie). Aristote devint le grand docteur, dont l'autorité fut indiscutable jusqu'au XVIe siècle et écrasa toute recherche et toute réflexion.

Au XIIIe siècle apparurent les premières Universités. Parmi les plus célèbres, citons celles de Salamanque (fondée en 1239), Paris (la Sorbonne fondée en 1257 par Robert de Sorbon, pour faciliter aux écoliers pauvres les études théologiques), Oxford, Cambridge (1284), Cologne (1388) et Naples. Elles attirèrent de nombreux écoliers et suscitèrent un renouveau des écoles. Deux ordres religieux voués à l'enseignement, les Frères Mineurs créés par Saint François et les Frères Prêcheurs, créés par Saint Dominique contribuèrent à ce renouveau et entrèrent parfois en compétition avec les universités.

Mais la philosophie était toujours la servante de la théologie, elle préparait à défendre la religion, à montrer la conformité des dogmes avec les enseignements de la raison.

Les sept arts libéraux restaient la base de tout enseignement et leur contenu n'avait guère changé depuis Charlemagne et Alcuin (qui fut le véritable responsable de sa politique culturelle à Aix-la-Chapelle de 781 à 793). Ils restaient divisés en deux groupes, le trivium et le quadrivium. Ce dernier fut longtemps réservé à une petite élite destinée à occuper les fonctions supérieures de l'Eglise. Dans la plupart des écoles, on n'enseignait que le trivium qui comprenait : la grammaire, la rhétorique et la dialectique. On étudiait surtout la grammaire dans les manuels de Cassiodore, Bède le Vénérable et plus tard de Donat, quelques œuvres de Virgile, de Prudence et de Quintilien pour la rhétorique, de Boèce et de Cassiodore pour la dialectique.

Le quadrivium qui regroupait théoriquement les artes reales ou physica (connaissances relatives aux choses : espace, nombres, astres et sons) négligeait en fait le réel. Il était composé de la musique, arithmétique, géométrie et astronomie. Mais l'arithmétique était associée à la théorie musicale (essentiellement le plain-chant) et à l'étude du comput pour la fixation de la date de Pâques et des fêtes mobiles. Elle visait à découvrir les vertus mystiques des nombres et le sens allégorique de leurs rapports et à interpréter certains passages de la Bible, où les nombres occupent une grande place La géométrie relevait plutôt de la géographie et de la cosmographie, d'après les livres de Pline l'Ancien et de Solin. Elle recherchait les formes parfaites et imparfaites, symboles des niveaux de perfection morale, et servait à comprendre la construction du Temple de Jérusalem. Quant à l'astronomie, elle servait pour le comput et au reste ressemblait plutôt à une vague astrologie symbolique (relations entre les astres et les hommes : pré-causalité). Les études supérieures de théologie comportaient l'étude de la Bible (la Vulgate et seulement d'après les commentaires des Pères de l'Eglise), des Moralia de Grégoire Ier et du De catechizandis rudibus de Saint Augustin. Comme nous l’avons cité plus haut, Raban Maur (776-836) justifie ainsi ce choix : Ce que nous trouvons en eux d'utile, nous devons l'exploiter pour notre foi et nous devons écarter tout ce qui est inutile pour le service, l'amour et le culte de Dieu.

On se méfie même du trivium, la dialectique n'est qu'abordée, (elle pourrait être dangereuse pour la foi), la rhétorique n'a pour but que de comprendre les textes sacrés. La grammaire, art par excellence à cette époque, n'est pas étudiée pour elle-même ni pour apprendre un latin correct (comme le voulait Charlemagne), mais pour faire des interprétations mystiques ou allégoriques de la langue afin d'illustrer ou confirmer les dogmes. Les ouvrages sont remplis d'erreurs, d'interprétations fausses et hors de tout contexte (C'est ainsi que par suite d'un contre - sens sur les textes latins ou grecs, on croyait qu'Alcibiade, fameux général grec, était une femme : voir Villon et la Ballade des Dames du temps jadis). D'ailleurs le latin qu'on étudie est surtout le latin liturgique, et celui des textes sacrés et de leurs commentaires et non les auteurs classiques.