Élicio Colin était professeur agrégé d’Histoire et Géographie au Lycée de Nevers, d’octobre 1898, à Juillet 1903. A la demande de Charles
Dessez,
(Inspecteur d'Académie à Nevers du 9 août 1899 au 29 janvier 1904) , il écrivit cette Petite Histoire du Nivernais - Le Nivernais et les principaux
événements de l’histoire générale, parue en 1901 chez Ropiteau à Nevers.
Ce livre est précédé d’une longue lettre du 15 décembre 1899 par laquelle l'Inspecteur d'Académie, lui demande de le réaliser : "Initié par le haut
enseignement de la Sorbonne à la critique et à la méthode historique, possédant une érudition générale et un talent d'exposition que vos élèves
ne sont pas seuls à apprécier, vous pourriez, mieux que personnes, nous donner cette histoire du Nivernais dont nous avons besoin."
Au début de cette lettre, Dessez cite un ouvrage semblable sur l’Agenais écrit, de même, à sa demande : "Dans le département que je viens de
quitter, j'ai prié M. Rayeur, professeur d'histoire au lycée d'Agen, de vouloir bien écrire, à l'usage de nos écoles, une petite histoire de l'Agenais.
Je souffrais, en effet, de voir nos élèves des bords de la Garonne aussi étrangers au passé de leur race, aussi ignorants de la vie, cependant si
mouvementée et si intéressante des Gascons d’autrefois, que pouvaient l’être, des enfants de Lille ou de Nancy."
Voici comment Dessez expose sa démarche "…ce qui nous intéresse avant tout, dans l’histoire locale comme dans l’histoire générale, c’est le
peuple lui-même ; c’est sa vie matérielle, intellectuelle et morale ; c’est l’évolution de ses croyances et de ses coutumes, de ses institutions et
de son industrie. Il nous importe assez peu de connaître par le menu toutes les dynasties qui, avant et depuis Otton-Guillaume, se sont succédées
à Nevers ; il nous importe beaucoup de suivre de près les étapes de la civilisation en
Nivernais".
Comme le précise l'avertissement écrit par Elicio Colin, il s'agit
"d'établir les relations entre l'histoire locale, intéresser davantage à celle-là par
les principaux traits de celle-ci, montrer la place particulière du Nivernais dans le développement général de la vie française".
Préoccupation de l'époque, M. Dessez estime, toujours dans sa lettre à Elicio Colin que cette démarche peut aussi être placée dans le cadre de la
lutte contre l’exode rural :
"On a reproché à nos programmes, qu’une centralisation peut-être excessive a rendus partout uniformes, de faire des « déracinés » ; vous prouverez,
vous, que nous avons à cœur d’attacher nos élèves au sol où leurs pères ont vécu, où eux-mêmes ont intérêt à vivre. Nous sommes des premiers à
déplorer le mouvement d’émigration qui pousse tant de jeunes gens de la campagne vers la ville, de la petite ville vers la grande, et s'il y a des causes
économiques sur lesquelles nous sommes sans action, nous voudrions, du moins, réagir contre ses causes morales par tous les moyens en notre
pouvoir."
A ce sujet, les dernières phrases du livre de Rayeur sont très explicites : "
Aime la bien aussi cette terre ! D'autres te conseilleront les émigrations
lointaines. Crois-moi, ne la quitte jamais, sans esprit de retour au moins. Où en trouverais-tu une meilleure et une plus belle ?
Aime bien ta petite patrie; et puisses-tu trouver dans la connaissance de son histoire plus de raisons encore d'aimer ta grande patrie, la France
!"
Les idées de Charles Dessez sur la pédagogie de l’histoire sont pour lui une constante. Il a sans cesse encouragé l’enseignement de ce qu’il appelle
dans tous ses écrits la "petite patrie", pour mieux faire aimer la "Grande". Et pour ce faire, il a mis à contribution les enseignants. En poste à Agen,
il a donc sollicité M. Rayeur, professeur au lycée Bernard Palissy d'Agen, pour écrire une petite histoire de l'Agenais. Une fois à Nevers, il
demande la même chose à Elicio Colin pour le Nivernais en 1899.